La ruralité est la véritable réserve de croissance pour la France et l’Europe

La terrible crise du COVID-19 qui a frappé nos sociétés, celle de l’Ukraine, interrogent, par leurs effets sanitaires, économiques mais aussi démocratiques, notre modèle de développement. Elle révèle, chaque jour davantage, nos multiples fragilités et dépendances mondialisées. La crise ouvre un débat que l’on espère sincère et surtout agissant, sur le toujours plus de global, le toujours plus de mobilité humaine, industrielle, technologique, commerciale, financière … un autre débat se fait de plus en plus vivant dans le monde réel. Côté technocrates, on parlerait d‘aménagement du territoire, chez de très nombreux citoyens de notre pays qu’ils soient issus de l’urbain ou du rural, la période a crée l’occasion de se projeter dans l’incroyable modernité d’une France que pourtant très nombreux disent maltraitée, voire abandonnée, et surtout en grande souffrance : la ruralité.

Je peine à l’écrire, mais il y a comme une revanche de la ruralité. Un peu partout dans le Monde, se fait jour comme une prise de conscience du mirage métropolitain d’une croissance et d’un destin individuel uniquement possibles au cœur de l’urbain auxquels il faudrait s’accrocher à tout prix. Cette épreuve pandémique accélère un mouvement complexe déjà à l’œuvre qui conduisait de nombreux habitants à s’interroger sur leurs vies au cœur des villes ou des banlieues.

Et puis surtout, c’est notre capacité à réellement prospérer dans un après monde urbain qui produit du doute.

Soyons clairs : le prix à payer – logement, alimentation … – pour ce qui va demeurer de l’expérience urbaine, ce qui va rester de nos vies sociales, culturelles, événementielles, éducatives … professionnelles, devient très cher alors que l’on nous annonce que nos situations professionnelles et même nos libertés individuelles et collectives pourraient être profondément et durablement modifiées. Qui pourra demain s’engager dans un projet immobilier à Paris ?

Il y a aussi comme une volonté qui s’est faite de plus en plus partagée, c’est celle de reprendre le contrôle sur son destin propre mais aussi sur celui de l’ensemble collectif. Quitter les rues du chacun pour soi et rejoindre les espaces où la solidarité est partie prenante du vivant ou du vécu.

Et puis rappelons-nous des confinements, c’était finalement presque un concept urbain. Densité, mouvement, vitesse propagation, … caractérisent l’expérience métropolitaine pas celle de la ruralité. On voit bien que le STOP généralisé à toute activité a encore moins de sens dans des géographies qui proposent d’autres espaces, d’autres rythmes, d’autres relations, d’autres économies … comme des antidotes alternatifs mais déjà bien structurants à la fragilité virale des métropoles.   

Il ne s’agit pas ici d’opposer les territoires, encore moins les différentes France. Il ne s’agit pas d’inventer l’impossible après. Je veux simplement saisir ce qui nous tend les bras. Les espaces ruraux, dans leur ensemble, sont de formidables réservoirs d’avenir ! Des alliés de notre futur collectif tout autant que les métropoles urbaines. Ils nous offrent même une certitude de réussite pour l’ère de l’après coronavirus si l’on sait valoriser leurs richesses au cœur des promesses d’un espace naturel protégé.

Comme la santé, la ré-industrialisation, les souverainetés technologique, numérique, énergétiques et l’éducation, la ruralité doit devenir l’une des grandes priorités stratégiques de la France. Et mesdames et messieurs les Commissaires, Parlementaires et Chefs d’États ou de gouvernements de l’Union européenne, vous qui malheureusement n’êtes d’accord que sur très peu de choses, vous devez faire de la ruralité un axe majeur des budgets et des programmes de la mandature européenne de crise qui tarde à s’affirmer. Dans la nouvelle guerre froide des blocs qui nous oppose désormais en particulier à la Chine, à la Russie, peut-être demain à notre allié américain ou de l’Inde … la ruralité européenne regorge d’antidotes naturels à notre soumission programmée.

Au croisement du rapport, de plus en plus conflictuel, de l’homme à la nature, la pandémie virale que nous subissons nous le démontre, la ruralité offre un carrefour de progrès salvateur. Elle propose un équilibre, une alternative humaine, naturellement durable à la construction dominante et de plus en plus agressive des sociétés à dominante urbaine. Malgré toutes les initiatives et les engagements internationaux multipliés à l’envie … les rythmes urbains continuent de privilégier la vitesse et la prédation pour une pression sans limite sur les êtres et sur l’environnement avec de moins en moins d’attention pour le cadre de vie, la santé, l’éducation …

Ni alternative molle, ni sanctuaire de repli dissident aux faiblesses des pôles métropolitains, la nouvelle ruralité est une des rares vraies chances de croissance pour notre pays dans les prochaines années. Elle doit devenir une ambition nationale prioritaire pour encore faire croitre les réussites de vie des ruraux et répondre davantage aux envies et aux rêves d’une partie des urbains en quête de vies nouvelles et construire une France intégrée et conquérante dans cette nouvelle ère.

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